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Les débuts de la colonisation du Canada

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Les quatre premiers siècles de l’histoire du Canada peuvent être résumés en une phrase : une lutte pratiquement ininterrompue entre l’Angleterre et la France.
La colonisation au XVIIe siècle suit ce schéma : les explorateurs ont de moins en moins le souci de faire œuvre de géographe ou de cartographe, mais sont de plus en plus préoccupés par le souci d’acquérir de nouveaux territoires au nom de la couronne de France ou d’Angleterre.

 011 400ème anniversaire de la prise de possession
de Terre-Neuve par Sir Humphrey Gilbert

02a2 Sir Humphrey Gilbert et ses armoiries

02g2 Reine Elisabeth

02b2La reine donnant à H. Gilbert ses lettres de navigation

02e2 Armoiries royales

02f2 H. Gilbert à bord du “Squirrel”

02b2 Départ de Plymouth

02d2 Arrivée à St. John’s

02c2 Prise de possession de l’île (5 août 1583)

02h2 Carte de Terre-Neuve 

02i2 Statue de H. Gilbert à Truro

En ce qui concerne l’Angleterre, les efforts vont initialement se concentrer sur l’île de Terre-Neuve (Newfoundland). Le premier nom est encore un homme du XVIe siècle : Humphrey Gilbert (1537-1583) 1. Député et homme de cour, Humprey Gilbert s’était illustré en Irlande. En 1583, il est chargé par la reine Elisabeth de prendre possession, au nom de la couronne d’Angleterre, de territoires en Amérique du Nord. A la tête d’une flottille de cinq vaisseaux, il atteint Terre-Neuve, et le 5 août 1583, il déclare très solennellement prendre possession de Terre-Neuve (et de toutes les terres s’étendant 200 lieues de part et d’autre, au nord comme au sud) au nom de la couronne d’Angleterre 2. Il périt le 9 septembre 1583, lors du voyage de retour.

03a3 “L’Endeavour”, navire de John Guy

03b3 John Guy

04a4 Vue de Cupids (1910)

04b4 400e anniversaire de l’établissement anglais de Cupids (2010)

La première véritable colonisation de l’île de Terre-Neuve est l’œuvre de John Guy 3. Maire de Bristol, il reçoit le soutien du roi Jacques Ier pour fonder une colonie sur l’île. Lors d’un voyage préparatoire en 1608, il choisit Cuper’s Cove (actuellement Cupids) 4 comme le meilleur emplacement pour l’établissement d’une colonie.

En 1610, 39 colons s’y installent, sous ses ordres. Il fait encore un voyage en 1612, amenant des nouveaux colons, des vivres et du matériel. C’est le premier effort de colonisation au Canada qui est couronné de succès.

A la même époque, les Français, eux aussi, sont loin d’être inactifs. Les premières tentatives de colonisation de la Nouvelle-France ont lieu au tout début du XVIIe siècle. Le nom de Nouvelle-France est donné à l’ensemble des possessions françaises en Amérique du Nord. L’appellation est utilisée déjà en 1524 par Giovanni da Verrazzano, qui avait effectué son voyage au nom du roi de France François Ier.

A son apogée, la Nouvelle-France sera constituée des possessions françaises au Canada, de l’Acadie et de la Louisiane.

Les premières velléités de colonisation

055 Pierre Dugua de Mons émission commune avec la France 2004

La première expédition de colonisation est l’œuvre de Pierre Dugua de Mons 5, qui cherche à fonder un établissement dans le Sud-Est du Canada, en Acadie. Un jeune géographe et cartographe participe à l’expédition : Samuel de Champlain.

066 Port-Royal

Pierre Dugua de Mons s’installe d’abord sur l’île Sainte-Croix, à l’embouchure du fleuve du même nom, qui forme actuellement la frontière entre l’état du Maine aux Etats-Unis et la province du Nouveau-Brunswick au Canada. Après un hiver particulièrement pénible, l’établissement est transféré en 1605 sur la terre ferme, en un lieu appelé Port-Royal 6, en Nouvelle-Ecosse.

07a7 Carte maximum de Samuel de Champlain (France 1956)

07b7 Cartier et Champlain (1908)

07c07d7 Maison et monument de Champlain à Québec (1908)

07e7 Maison et monument de Champlain à Québec (1908)

088 Henri Membertou, chef Micmac
qui protégea Port-Royal de 1607 à 1610

En 1607, la colonie de Port-Royal est abandonnée, après que les privilèges de commerce de Pierre Dugua de Mons ont été révoqués. Champlain 7 a pourtant fait en peu de temps de l’établissement un succès, explorant dans la même période les côtes canadiennes et américaines. Port-Royal est laissé aux soins d’Henri Membertou 8, un indien Micmac qui entretient des rapports cordiaux avec Champlain. Il est le premier autochtone à être baptisé en Amérique du Nord, le 24 juin 1610.

09a9 Vue de Québec vers 1700 (1908)

09b9 Ancienne citadelle de Québec (1930)

09c9 350ème anniversaire de la fondation de Québec (1958)

Dès 1608, Champlain repart pour l’Amérique du Nord, remonte le Saint-Laurent, et fonde le 3 juillet 1608 un établissement, qu’il nomme Québec 9, ce qui signifie en algonquien (le langage indigène local) « l’endroit où la rivière se rétrécit ». Champlain a compris que c’est un excellent endroit pour s’assurer du monopole sur la traite des fourrures de l’arrière-pays.

Pour assurer la sécurité du lieu, Champlain doit s’allier avec les indigènes locaux (Hurons, Algonquins et Montagnais) contre leurs ennemis de toujours, les Iroquois. Cette alliance lui permet de faire œuvre d’explorateur et de géographe, et il rassemble en 1632 toutes ces nouvelles données dans une carte qui demeure l’un des chefs-d’œuvre de la cartographie canadienne.

Champlain veut dès 1616 voir se développer la colonisation du Canada, mais il ne trouve que peu de soutien en France, et en 1627, la population de Québec est encore inférieure à cent personnes !

En 1629, une flotte anglaise dirigée par David Kirke bloque le fleuve Saint-Laurent et s’empare de Québec. Mais dès 1632, par le traité de Saint-Germain-en-Laye, la France récupère ses possessions au Canada, et parmi elles, Québec.

Champlain, qui meurt à Québec le jour de Noël 1635, semble cependant avoir été peu motivé par la recherche désintéressée, il était plutôt homme à évaluer les choses exclusivement en fonction de l’utilité qu’elles pouvaient avoir pour ses propres projets. Plaire aux marchands et aux indigènes constitue pour lui plutôt une stratégie qu’un but. Et son projet, son obsession, c’est la fondation d’une colonie définitive pour la France. Sa volonté de revendiquer, de coloniser et d’évangéliser le Canada va à l’encontre des intérêts de ses alliés indigènes, qui ne tolèrent l’établissement de Québec qu’en échange de la protection qu’il assure à la traite des fourrures.

L’acharnement de Champlain à défendre, pendant 27 ans, l’idée d’une colonie a transformé d’une façon décisive les liens que la France entretenait alors avec les territoires et les populations du Canada.

1010 Les pérégrinations d’Etienne Brûlé (1987)

Une destinée particulière de cette époque est celle d’Etienne Brûlé 10. De 1611 jusqu’à sa mort en 1633, il partage la vie des Hurons, apprenant leur langue, s’habillant comme eux et adoptant leur mode de vie et leurs moeurs. Il est indiscutable qu’il a voyagé dans des lieux dont la paternité de la découverte a été plus tard attribuée à d’autres.

Les successeurs de Champlain, qui portent le titre de gouverneur général – titre que Champlain n’a jamais porté – n’ont pas son envergure. Il y a une longue période de stagnation, surtout due à l’inertie de la Compagnie des Cent Associés, mise sur pied par Richelieu, et qui devait fournir les fonds destinés au développement de la Nouvelle-France.

Un fort élan religieux

1111 Missionnaire et Indiens

Mais il y a l’élan religieux : les récollets d’abord, à partir de 1615, ensuite surtout les jésuites, à partir de 1632, mus par la perspective de convertir les populations indigènes 11, arrivent avec enthousiasme en Nouvelle-France.

1212 La ville actuelle de Montréal (1992)

1313 Paul de Chomedey, Sieur de Maisonneuve

Cet essor religieux est à la base de la fondation de Montréal, en 1642 12. C’est l’œuvre de Paul de Chomedey, Sieur de Maisonneuve 13. Issu d’une famille de gentilshommes champenois, il a commencé très tôt une carrière militaire. Son noble caractère aspirant à aller en pays lointain servir son Dieu et son roi, il répond avec enthousiasme à l’appel de colonisation du Canada.

1414 Jeanne Mance

Au printemps de 1641, deux navires appareillent de La Rochelle, emportant notamment Maisonneuve, et une femme d’une trempe exceptionnelle, Jeanne Mance 14, infirmière et économe du groupe, qui sera en 1642 la fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal.

La fondation sur le terrain a lieu en octobre 1641, sur la colline de Mont-Royal. Ce n’est qu’un réduit modeste, protégé par de gros pieux contre les incursions des Iroquois, et sommé d’une croix de bois que Maisonneuve a montée sur ses épaules.

Dans les années 1650, malgré l’idéalisme et le courage des fondateurs de Montréal, la société missionnaire s’effondre, tandis que la colonisation et le commerce deviennent la raison d’être de l’établissement.

1515 Jacques Marquette timbre américain 1968

1616 Jacques Marquette et Louis Jolliet

Cet élan religieux, surtout de la part des jésuites, est à la base de nombreux voyages, où d’intrépides missionnaires s’enfoncent dans des territoires inconnus, pour rencontrer des indigènes à convertir. Le plus célèbre est le jésuite Jacques Marquette 15, qui, avec Louis Jolliet 16, part en 1673 vers le sud, traverse le lac Michigan, et suit le cours du Mississippi jusqu’à son confluent avec l’Arkansas.

1717 François de Montmorency-Laval, premier évêque de Québec (1973)

La preuve de l’avancée religieuse en Nouvelle-France est l’érection du diocèse de Québec en 1674. Le premier évêque, François de Montmorency-Laval 17, ecclésiastique austère et ferme, remplit toutefois ses fonctions avec beaucoup de sens pratique.

Un nouveau défi vient frapper les colons français au Canada : les guerres iroquoises. La puissante confédération iroquoise, familiarisée avec les armes européennes, commence par anéantir, entre 1645 et 1655, toutes les tribus rivales, comme les Hurons et les Neutres, puis, à partir de 1660, les Iroquois se tournent contre les colons français de la vallée du Saint-Laurent.

1818 300ème anniversaire de la bataille de Long Sault.
Adam Dollard des Ormeaux (1960)

La bataille la plus célèbre est celle de Long Sault, où Adam Dollard des Ormeaux 18, à la tête d’une poignée de colons, résiste plusieurs jours aux attaques de l’armée iroquoise, avant de succomber, le 12 mai 1660. Il n’y a pas de survivants. Ce n’est qu’en 1667, après l’envoi d’importants renforts, que la paix est signée entre les colons et les Iroquois.

Louis XIV porte une attention minutieuse aux affaires coloniales. La Nouvelle-France est ainsi annexée en 1663 au domaine royal, et Louis XIV aura la chance de disposer d’éminents ministres de la Marine (responsables à la fois de la marine et des colonies), dont le plus célèbre fut Colbert.

Guy Coutant

 


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